Islande : Quand un clip de Justin Bieber met un site naturel en danger…
Justin Bieber est surtout connu pour ses frasques à répétition. C’est en Islande q’ui refait parler de lui. Si son nom réapparaît aujourd’hui dans l’actualité, ce n’est pas, pour une fois, totalement de sa faute. Plutôt de celle de ses fans qui se sont déplacés en masse dans un site naturel islandais qui avait servi de décor à l’un de ses clips. Tellement de fans que le gouvernement islandais a décidé de fermer le site pour protéger son écosystème.
Fjadrárgljúfur, le canyon islandais malchanceux
Fjadrárgljúfur est un des lieux naturels les plus impressionnants de l’île nordique. Long de 2 kilomètres, il s’est formé pendant la dernière ère glaciaire, il y a près de 9000 ans. D’une beauté à couper le souffle, ce canyon a le malheur d’être un site apprécié des photographes et autres preneurs d’images.
Il apparaît régulièrement dans des shootings photos, clips vidéos… Et il a eu l’immense « privilège » d’être choisi pour servir de décor dans un clip tourné en 2015 par Justin Bieber en Islande.
Un afflux de fans difficile à gérer
Depuis la diffusion du clip, celui ci a été visionné plus de 450 millions de fois. Ce qui a eu pour conséquence de booster la notoriété du canyon. Site qui a vu sa fréquentation touristique passer de 150 000 visiteurs en 2017 à plus de 282 000 en 2018 selon le Lonely Planet.
La hausse de la fréquentation est continue depuis 2016. Près de 80 % d’augmentation des flux a été constatée entre 2016 et 2018. Cette explosion des visites, pour un site relativement confidentiel, est intervenue directement après la parution du clip vidéo. Et ce sont bien des dizaines de milliers de fans qui sont venus se prendre en photos sur le lieu de tournage du fameux clip. Je vous parlais de l’égo-tourisme dans un article précédent, il s’agit là d’une de ses manifestations les plus visibles.
Des conséquences graves sur l’écosystème du site naturel
Cet afflux massif de visiteurs a endommagé gravement l’équilibre naturel de l’écosystème local. A tel point, que, craignant pour sa survie, le gouvernement islandais a pris la décision d’y interdire l’accès. Le site est ainsi complètement fermé. Le tourisme de masse a encore frappé. Une nouvelle forme de tourisme de masse, sans doute la plus insidieuse qu’il soit car incontrôlable et pouvant frapper n’importe ou et n’importe quand.
Il suffit d’un clip d’une star et de la puissance des réseaux sociaux pour qu’un site naturel abritant un écosystème qui a survécu au climat islandais (et c’est pas rien!) risque de disparaître en quelques années.
Une décision extrême et désespérée
La décision de fermer le site est une réponse sans doute inadaptée mais aussi désespérée face à une menace impossible à endiguer. De tels flux sont difficiles à gérer pour des sites qui ne connaissaient pas cette notoriété auparavant et deviennent du jour au lendemain la cible de hordes de visiteurs.
Si certaines destinations, comme l’Irlande du Nord, par exemple, cherchent à surfer sur la vague du tourisme des fans, lorsque le phénomène touche un site fragile, les retombées économiques passent, et c’est heureux, au second plan.