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Réflexions post confinement… Quid du tourisme de demain?

Réflexions post confinement… Quid du tourisme de demain?

Le monde se réveille lentement, un peu titubant après plus de 2 mois de léthargie quasi comatique. Et, comme après un long sommeil, le réveil est brutal. Si le monde se regardait dans une glace aujourd’hui pour la première fois depuis le mois de mars, il ne se reconnaîtrait plus. Et, parmi les choses qui ont le plus changé, il y a le tourisme.

Le tourisme, oui, mais plus largement notre rapport aux déplacements. Il est assez surprenant de voir à quel point les restrictions de mouvements mises en place dans la plupart des régions du monde ont eu un impact immédiat non seulement sur nos déplacements physiques mais aussi, et j’aurai tendance à dire surtout, sur notre conception même de la mobilité. Se rendre à quelques centaines de kilomètres de chez soi aujourd’hui est plus compliqué que de partir à l’autre bout du monde ne l’était hier. Les ressortissants de nombreux pays, notamment occidentaux, qui ont toujours eu la chance de pouvoir se déplacer librement d’un pays à l’autre – ce qui n’a jamais été le cas pour la majorité de la population mondiale, rappelons-le, ont subitement découvert la valeur de ce privilège. Ces dernières semaines, se déplacer était un luxe réservé à ceux qui ne pouvaient pas faire autrement. Si les déplacements de loisirs commencent à devenir possibles, ces restrictions de circulation, ces frontières fermées, ces quarantaines obligatoires ou volontaires vont radicalement, et sur le long terme à n’en point douter, changer notre vision du voyage.

Avec l’effondrement du marché du transport aérien, il y a de fortes chances que, plutôt que les passagers, ce soient les prix qui s’envolent. Les compagnies low cost risquent fort de disparaître à plus ou moins court terme. Fini les weekends à l’autre bout du monde ! Ce tourisme de masse, destructeur plutôt que créateur, était déjà décrié avant la crise sanitaire. En apparence à son apogée, il agonisait déjà. Il y a de fortes probabilités donc pour que cette crise sonne le glas d’un certain mode de consommation touristique. Même si les milliards que lâchent les gouvernements pour remettre leurs compagnies nationales à flot montrent que, même agonisant, le tourisme de masse n’aura pas dit son dernier mot. Mais ces milliards ne sont que le chant du cygne, n’en doutez pas ! L’économie touristique vit l’une des plus grosses crises de son histoire. Et c’est une bonne nouvelle ! Bien sûr, cette phrase, un tant soi peu provocatrice, ne prend absolument pas en compte les drames humains qui se jouent en arrière-plan de cet effondrement. Personne, et a fortiori votre serviteur, n’est à l’abri des conséquences économiques que provoquera ce tsunami. Et pourtant, je persiste et signe. Cette crise est peut-être la plus belle opportunité qu’ait connu le secteur du tourisme. Une opportunité de se réinventer. Se réinventer pour devenir plus durable, plus responsable et moins gourmand en ressources naturelles. Un virage que le secteur a commencé à prendre il y a déjà très longtemps. Ce virus, plus efficace que bien des mouvements politiques ou militants, aura eu pour effet de mettre la lumière sur les dysfonctionnements de l’industrie du tourisme de masse et de recadrer le projecteur sur les initiatives positives, locales et durables.

Plusieurs tendances émergent ou se confirment pour tenter de visualiser ce que sera le tourisme de demain. Car oui, nous voyagerons à nouveau ! Yes, We will travel again ! pour faire écho à une campagne d’un géant de hôtellerie. Oui nous voyagerons à nouveau. Mais sans doute différemment. Il y a fort à parier que les destinations de proximité seront privilégiées bien après la levée des restrictions de circulation. Car on commence à se rendre compte qu’on ne connait que très mal les endroits les plus proches de là où on vit. Et ces destinations de proximité offrent un potentiel de découvertes et d’expériences non négligeables. Les habitudes prises avec les restrictions de mouvements risquent donc d’avoir la peau dure et notre conception de la mobilité ayant considérablement évolué ces dernières semaines, gageons que nombreux sont ceux qui privilégierons à l’avenir un tourisme plus local.

Le numérique et le digital seront aussi les grands gagnants de cette crise. On n’a jamais autant parlé de voyager tout en restant dans son salon que ces dernières semaines. S’il y a 6 mois on nous avait dit qu’il serait possible de diriger à distance des locaux portant une caméra sur la tête pour explorer un endroit depuis son canapé, nombreux sont ceux qui ne l’auraient pas cru. Et pourtant l’expérience a vu le jour lors de ce confinement. Aux Iles Feroé. Pour tenter l’expérience c’est par ici!. Les visites virtuelles se multiplient. Les destinations touristiques ont vu l’opportunité d’accélérer la digitalisation de leur activité. C’est le cas de l’Egypte qui, coupée du monde depuis le début de la crise avec la fermeture de ses aéroports, propose de visiter plusieurs tombes, notamment celle de Ramses VI,  et monuments depuis son canapé. D’après un porte-parole du ministère du tourisme égyptien, les visites virtuelles « desservent la double mission de promouvoir le tourisme égyptien sur tout le territoire et d’améliorer la connaissance des Égyptiens de leur propre civilisation« . Ce ne sont que des exemples parmi d’autres mais cela montre à quelle point les expériences de voyage virtuel sont amenées à prendre de l’importance ces prochaines années. Ce phénomène n’est pas apparu avec le confinement et la crise sanitaire, j’y consacrai d’ailleurs un article il y a un an sur ce blog, mais le coronavirus a été un révélateur de l’importance de ces expériences.

La tombe de Ramses VI comme si vous y étiez!

Pour finir ces quelques réflexions, j’ajouterai que l’avenir du secteur est entre les mains de tous, acteurs et professionnels mais surtout consommateurs. Ce sont bien les consommateurs qui vont confirmer ou infirmer ces tendances. J’ai pour ma part décidé depuis longtemps de parier sur la mutation du secteur touristique vers des pratiques plus responsables et, j’ai confiance dans la capacité des acteurs touristiques à rebondir pour voir apparaître des jours meilleurs.

A propos de l'auteur

Yanis Chauvel

Chef de Projet Digital Fondateur du blog Tourismedigital.info

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